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banc de gazon ; j’entre, je tourne autour d’elle et je lui adresse un profond salut.

LOLOTTE.

C’est cela même.

La baronne remonte au fond de la scène.

LA BARONNE.

Là… j’entre… (Elle redescend.) je tourne… (Elle décrit un rond parfait autour de Lolotte assise sur le pouf) et je fais un profond salut. (Elle est revenue se placer à gauche et adresse à Lolotte une grande révérence très lente, très prolongée, puis s’arrête, enchantée, avec un large soupir de satisfaction.) Ah !…

LOLOTTE.

À la bonne heure ! voilà un chevalier qui sait très bien faire la révérence…

LA BARONNE, désolée

.

C’est vrai, j’aurais dû saluer en homme… vous m’apprendrez…

LOLOTTE, se levant.

Certainement ; mais, avant de saluer, il faut marcher… voyons, marchez un peu.

LA BARONNE.

Que je marche ?…

LOLOTTE.

Oui… (La baronne remonte en biais vers le fond du théâtre à gauche.) Jamais chevalier n’a marché de cette façon-là, jamais, jamais… vous marchez en femme.

LA BARONNE.

Dame !…

LOLOTTE, passant de droite à gauche et traversant toute la scène en imitant la démarche de la baronne.

Les coudes au corps, la tête dans les épaules, les mains en avant comme ça et les genoux frottant l’un contre l’autre !…