Page:Meilhac et Halévy - La Vie parisienne, 1866.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons trouvé à la gare, et qui s’est fait passer pour un guide, n’est autre que le brillant vicomte Raoul de Gardefeu !

MADAME DE QUIMPER-KARADEC.

Continuez, je vous en prie, continuez…

LA BARONNE.

Je me figure être dans un hôtel garni… je suis dans l’hôtel de M. de Gardefeu… c’est lui qui a éloigné mon mari, c’est lui qui a éloigné mes domestiques… et me tenant ainsi, seule, chez lui, il espérait…

MADAME DE QUIMPER-KARADEC.

Achevez… Qu’est-ce qu’il espérait ?

MADAME DE FOLLE-VERDURE.

Ma tante !

MADAME DE QUIMPER-KARADEC.

Eh bien, je trouve que cela sent son œil-de-bœuf.

LA BARONNE.

Qu’est-ce que vous dites ?

MADAME DE QUIMPER-KARADEC.

Je dis que, par le temps qui court, on n’est pas fâché de se trouver en face d’une nature quelque peu audacieuse, exceptionnelle…

LA BARONNE.

Cependant, madame…

MADAME DE QUIMPER-KARADEC.

Je suis de l’ancien régime, moi ! Que voulez-vous ? Je préfère M. de Richelieu et M. de Lauzun à Rocambole !… À cela près, je trouve que ce M. de Gardefeu est un polisson !

LA BARONNE.

Partons… partons tout de suite !

MADAME DE FOLLE-VERDURE.

Que veux-tu faire ?

LA BARONNE.

Partir d’ici… courir après mon mari…

MADAME DE FOLLE-VERDURE.

Sans te venger… sans punir l’insolent qui a osé…

LA BARONNE.

Le punir…