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donneras, Palestine, mais il est nécessaire que je commence par te raconter des choses que tu sais aussi bien que moi. (S’interrompant) Alfred, vous me tirez les cheveux.

ALFRED.

Madame, c’est parce que vous avez remué.

MALAGA, reprenant son récit.

Il y a six mois, deux nouvelles bouleversèrent coup sur coup la société sportive… Sur le point d’épouser sa cousine, le vicomte de la Belle-Jardinière venait, dit-on, de rompre ce mariage à cause de la folle passion que lui avait inspirée Muscadette… Mais vous me tirez encore les cheveux !

LE COIFFEUR, . Depuis quelques instants il est à trois ou quatre pas de Malaga, occupé à friser une longue boucle de faux cheveux.

Ah ! si on peut dire !

MALAGA.

Je vous dis que vous me tirez les cheveux ! je ne vous demande pas lesquels… Voilà la première nouvelle. La seconde était que j’avais, moi, avec un sourire, enlevé le vicomte à Muscadette… Comprends-tu ?

PALESTINE.

Non…

LE COIFFEUR.

Moi non plus…

MALAGA.

Vous, Alfred, ce n’est pas étonnant que vous ne compreniez pas… (A Palestine.) Mais toi ! tu as peu de mémoire… Il y a quatre ans… le jour où ce paltoquet d’Émile… cette jeune fille qui avait perdu son oiseau…, ce vieux monsieur…

PALESTINE.

Qui m’a appelée somnambule ?

MALAGA.

Justement ! cette jeune fille était celle que le vicomte devait épouser… comprends-tu enfin ?… Si j’ai enlevé le vicomte à Muscadette, ce n’est pas du tout pour le garder, c’était…

PALESTINE.

Pour le repasser à la petite…