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TOTO, riant.

Tout à fait incapable.

RAOUL.

A la bonne heure ! Eh bien ! là, voyons, maintenant que les cigarettes sont fumées, qu’il ne te reste plus que l’étui et que tu vas le vendre… car tu vas le vendre ?…

TOTO.

Il le faut bien !

RAOUL.

Quand tu l’auras vendu, que comptes-tu faire ?

TOTO.

Ah ! quant à ça, par exemple !…

RAOUL.

Veux-tu que je te donne un conseil.

TOTO.

Donne toujours…

RAOUL.

Quand tu n’auras plus le sou, ne te fais jamais l’ami de gandins ayant de l’argent…

TOTO.

Comment !…

RAOUL.

Voilà dix ans que je fais ce métier-là, et je sais ce que c’est !… J’ai été l’ami d’un tas de gens… voilà dix ans que je soupe avec eux, que je vais dans leurs loges, que je promène leurs chevaux, que je fais rire leurs maîtresses…

LA VICOMTESSE.

Oh ! ça, pas toujours.

RAOUL.

S’il vous plaît ! Et ça ne m’a pas seulement rapporte trois mille livres de rentes ! — On me disait : Vous vous en tirerez par un mariage… va te promener ! j’en ai manqué quatre. Aussi j’en ai assez — je donne ma démission[1]. Tu auras été

  1. Toto, Raoul, la vicomtesse.