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la Normandie, c’est à cette époque-là qu’il se l’est assimilé ; c’est à Rouen, à Yvetot, à Étretat, à Fécamp, sur les falaises ou dans les vergers, dans les foires, au seuil des cabarets, dans les vieux presbytères de campagne qu’il a rencontré, connu fait causer, étudié sans le vouloir tous les personnages que nous retrouvons dans son premier roman et dans le quart au moins de ses nouvelles. Ils y sont tous, marins, pêcheurs et paysans, filles de ferme et filles de joie, prêtres, hobereaux et cabaretiers, le père Boniface, Céleste Magloire, maît’Belhomme, et même « ce cochon de Morin », lequel n’habitait pas du tout La Rochelle ; ils y sont tous, présentés avec une telle fidélité, avec une si belle sincérité artistique que certains, dit-on, s’affligèrent de n’être point flattés et se plaignirent hautement qu’on les pût reconnaître[1]. N’était-ce pas, là encore, une élégante mystification ?

V

Mais bientôt un événement considérable, en arra-

  1. Voir ce que dit à ce sujet Henry Fouquier, dans son discours prononcé à l’inauguration du monument de Maupassant à Rouen.