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nat répugnait à sa nature indépendante. Il regrettait ses courses en mer, ses amis les pêcheurs. Aussi s’ingéniait-il à tomber malade pour obtenir des congés supplémentaires ; à peine était-il revenu à Étretat qu’il retrouvait la santé[1]. Ses camarades, vulgaires pour la plupart, souvent ridicules, lui étaient antipathiques, et il se vengeait sur eux des ennuis du collège, en exerçant sa verve à leurs dépens[2]. Ses maîtres mêmes n’étaient guère épargnés : un jour, il s’amusa à parodier devant d’autres élèves le cours du professeur de théologie qui leur avait peint les tourments de l’enfer[3]. Enfin la discipline des prêtres, les mœurs ecclésiastiques déconcertèrent sa franchise brutale[4]. Il avait l’âme aussi peu religieuse que possible ; il serait facile de suivre plus tard, à travers son œuvre, et tout au moins jusqu’aux trois dernières années de sa vie, les progrès d’un rationalisme intransigeant que sa mère ne chercha jamais à combattre en lui. Elle-même, d’ailleurs, avait, sur ce point, les idées fort larges, et on lui prête certains propos que son fils n’aurait pas désavoués[5]. De lui, l’un de ses amis a rapporté cette confession :

  1. Ad. Brisson, l’Enfance et la jeunesse de Maupassant, dans le Temps du 7 décembre 1897.
  2. Souvenirs de Mme  de Maupassant. A. Lumbroso, p. 304.
  3. A. Brisson, art. cit.
  4. Hugues Le Roux, art. cit.
  5. A. Albalat, Mme  de Maupassant, dans le Journal des Débats du 12 décembre 1903.