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sant qui, surexcitée par le danger, suit son fils en une ascension éperdue, arrive enfin, la jupe déchirée, les cheveux épars : on dirait une évasion de l’abime…[1].

Mme  de Maupassant s’occupait aussi de l’instruction de son fils, et dirigeait ses lectures. Guy lisait avec passion ; et seuls les livres pouvaient fixer un instant son imagination toujours en quête d’aventures et calmer sa nature turbulente, faite plutôt pour les échappées vagabondes de la vie au grand air que pour la discipline méthodique du travail. Extrêmement précoce, l’enfant apprit à lire rapidement et il avait une mémoire très complaisante : vers dix ou onze ans, quand on le préparait à la première communion, sa mère lui lisait deux fois un chapitre du catéchisme et il le savait par cœur, demandes et réponses[2].

Parmi les écrivains qui procurèrent à Guy de Maupassant ses premières émotions littéraires, il faut citer Shakespeare. Sa mère lui fit lire Macbeth et le Songe d’une nuit d’été[3]. C’était précisément dans Shakespeare qu’Alfred Le Poittevin avait appris l’anglais à sa sœur[4], et c’était aussi Shakespeare

  1. Souvenirs de Mme  de Maupassant. A. Lumbroso, p. 807. Voir d’autres anecdotes charmantes sur la première enfance de Guy, ibid. p. 299.
  2. Souvenirs de Mme  de Maupassant, A. Lumbroso, p. 302.
  3. Ibid., p. 303.
  4. Cf. plus haut, p. 19.