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Je te vais conter ma propre histoire et confier mon sort à ta sincérité. Je te marque ici la plus grande confiance, et par plusieurs raisons il pourrait m’en coûter la vie si jamais elle devenait publique ; mais ta franchise, ta candeur, ton serment, tout me rassure.

Je ne puis t’apprendre ce qui m’est arrivé, sans te parler en même temps de beaucoup d’usages du sérail. Les malheurs dont je suis accablé sont tellement gravés au fond de mon ame, que j’aurai moins de peine à les écrire ; et mon cœur, au défaut de ma mémoire, n’omettra point la moindre circonstance. J’éprouverai du moins la faible consolation de confier à quelqu’un le comble de mes disgraces et de mon infortune.

J’ai passé dix ans dans le sérail, et rien ne m’empêchait de faire une fortune considérable ; j’y étais traité

  
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