pas de la bête féroce, s’était logée dans l’oeil gauche ; la fourrure restait donc presque intacte.
« Allah akbar ! c’est vrai ! crièrent les assistants en chœur, tu t’es approché de si près de la redoutable bête, que ta poudre lui a brûlé la crinière. Et si elle t’avait mangé ?
— Allah m’a gardé, comme vous le voyez. Cheikh, j’ai rapporté cette peau pour toi, fais-en l’ornement de ta tente.
— Dis-tu cela sérieusement ? me demanda le cheikh, dont les yeux brillaient de plaisir.
— Très sérieusement.
— Je te rends grâce, Émir, hadji Kara ben Nemsi ! Je dormirai sur cette peau, pour que le courage du lion vienne jusqu’à mon cœur.
— Tu n’as pas besoin de dormir sur la peau du lion pour être courageux, Ô cheikh, et je suis sûr que tes ennemis vont bientôt reconnaître ta bravoure.
— Tu combattras avec nous, vaillant Émir ?
— Oui, certes ; car tes ennemis sont des voleurs, des brigands qu’il faut punir ; moi et mon ami nous nous rangeons sous tes ordres.
— Tu ne dois pas obéir, mais commander ; je te remettrai la conduite d’une partie de mes hommes.
— Nous discuterons cela plus tard ; pour le moment, permets-moi de prendre part à votre conseil.
— Tu as raison, nous devons délibérer ; mais nous avons encore cinq jours devant nous.
— Ne me disais-tu pas qu’un jour te suffisait pour rassembler tes guerriers ?
— C’est vrai.
— Eh bien, à ta place je les convoquerais dès aujourd’hui.
— Pourquoi ?
— Pour les exercer d’avance au combat et les distribuer en troupes, suivant leur valeur.
— Crois-tu donc que les Haddedîn soient si peu aguerris ? Ils combattent dès leur bas âge. Nous vaincrons nos ennemis, quoiqu’ils soient nombreux.
— Cela n’est pas certain.
— Mach’Allah ! tu as tué le lion et tu crains les Arabes !
— Non, je vous sais intrépides, mais je crois que le courage