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MOMENT DE VERTIGE

je me suis hâtée d’ajouter : D’ailleurs, vous voulez vous fixer à Bellerive… moi, je vous l’ai dit, je veux, l’argent, le luxe, le monde…

Noël, sans insister m’a proposé d’aller marcher un peu et nous sommes sortis. Montant la rue Sherbrooke dans la direction de Westmount, nous allions lentement, sans parler.

— À quelle heure le départ ? dis-je tout-à-coup.

— À neuf heures demain matin, dit-il ; Je suis descendu au Viger pour être plus près. Vous penserez à moi quand je serai en mer, Marthe ?

— Oui, j’y penserai… et je vous envierai ! ajoutai-je.

— Que ne puis-je vous enlever ! dit-il avec un bon sourire où je retrouvai le Noël d’autrefois !… La gêne momentanée passée, nous avons causé gaiement comme d’habitude. Que de projets nous ébauchâmes durant cette promenade ! Lorsque Noël me ramena vers onze heures à la porte de ma pension, il n’avait plus reparlé de son amour et il me quitta affectueusement mais sans émoi. Lorsque, se découvrant, il me pressa la main pour l’adieu, il la baisa amicalement et ses dernières paroles furent :

— N’oubliez pas, tous les jours une petite pensée pour le voyageur ! C’est promis ?

— C’est promis ! ai-je répondu. Bon voyage, cher ami et ne manquez pas de nous écrire !

Quelle idée de Noël de faire mine de me deman-