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MOMENT DE VERTIGE

cement. Malgré cet air rébarbatif, elle lui dit qu’elle désirait s’absenter dans l’après-midi.

— Vous êtes malade ? demanda le patron brusquement.

— Non, répondit Marthe, un peu déconcertée, mais j’ai quelqu’un de très cher qui part à cinq heures, et…

— Et vous pensez, interrompit monsieur Lafleur, que vous allez m’en imposer ainsi ? Vous pensez que vous pouvez faire la princesse à mes dépens quand vous êtes une sans le sou ?… Que vous aurez les loisirs d’une grande dame tout en ayant le salaire d’une fonctionnaire ?… Détrompez-vous ! J’ai fini de me faire mener par mes employés, hommes ou femmes ! Vous serez à votre poste cette après-midi, ou sinon, vous pourrez aller vous pavaner ailleurs !

Marthe rougit à la tirade grossière du patron, puis elle devint pâle de colère :

— Vos insultes sont gratuites et lâches, monsieur, dit-elle, en le regardant bien en face. Je quitte votre bureau pour toujours avec le regret d’y être jamais entrée. L’abbé Sylvestre en me plaçant ici, ne croyait pas me mettre à la merci d’un grossier et d’un mal-appris !

Puis la tête haute et le regard méprisant, elle sortit du bureau, se rendit au vestiaire, mit vivement son chapeau et sa pelisse et partit.

Le cœur battant d’indignation, elle retourna à