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MOMENT DE VERTIGE

toujours sans nouvelles de Pierre, le saviez-vous ?

— J’ai fait un geste d’assentiment.

— Je commence à désespérer, et ça me mine ! continua-t-il tristement. Pauvre enfant ! Vit-il encore ? Où est-il ? Hélas ! Dieu sait que j’ai été injuste envers lui, mais j’ai tellement souffert depuis, qu’il me semble que j’ai vieilli de vingt ans !… Mais je vous retiens, l’abbé, vous êtes pressé ?

— Un peu, ai-je répondu. Prenez courage mon ami, Dieu permettra, j’en suis convaincu que votre fils vous revienne ! Et lui serrant de nouveau la main, je le quittai à la hâte.

Pierre, ses cheveux sont blancs comme la neige, et malgré son activité naturelle sa démarche annonce la vieillesse… Persisterez-vous encore longtemps dans cet exil volontaire et ce silence ? À cause de la fierté d’une conscience sans reproche vous avez été atrocement blessé, il y a cinq ans, par l’attitude de vos parents, par leurs doutes au sujet de la malheureuse affaire… vous avez été un peu comme les grands arbres dont je viens de lire l’éloge dans un fragment de poésie, due à la plume d’un compatriote. Je l’ai découpé dans un journal et je vous l’envoie. Lisez, Pierre et voyez s’il a raison. »

Pierre prit la petite découpure et lut les vers suivants :