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MOMENT DE VERTIGE

se couchaient. Dick s’endormit tout de suite, mais le sommeil ne venait pas à Pierre… alors il se leva, alluma la lampe, mit une bûche sur le feu et ouvrant un petit porte-manteau, il en sortit une lettre. Il alluma une cigarette, s’installa près de la cheminée et se mit à lire :

« Depuis trois mois, mon bon Pierre, vous me laissez presque sans nouvelles. Je sais que vous êtes très occupé tout le jour, mais le soir, dans la tranquillité si grande de la vie des bois, pourquoi ne venez-vous pas me parler, passer avec moi un bout de soirée et m’ouvrir un peu ce cœur droit et fier qui est le vôtre ?

Vos deux petits billets (style télégraphique) m’ont cependant appris où vous êtes actuellement, mais en cas de changement, je vous adresse aux soins de la compagnie.

À un récent voyage à Québec, j’ai rencontré votre père, de passage là par affaires. Je lui ai donné la main… Il a vieilli, Pierre, et il y a dans son regard, une tristesse profonde.

— Tiens, bonjour, Paul, lui ai-je dit, ça va bien ?

— Pas mal, merci.

— Et votre famille ?

— Bien, bien… puis, souriant : me voilà grand’père, vous savez !

— Félicitations ! Un fils ?

— Oui, un petit-fils né en juin, enfant de ma fille madame Defoye… Puis, soucieux : je suis