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CHEZ PIERRE PHANEUF

— Puisque le pays est en guerre, ne pourrais-je pas être soldat ? dit l’enfant.

— On n’est pas soldat à quatorze ans, Marc !

— Alors, est-ce que je pourrais retourner chez Mistress Gray ?

— Impossible ! La guerre sévit trop de ce côté… d’ailleurs tu es Français !

— Oui, c’est vrai, dit Marc, mais alors, où aller ?

— Je connais une petite ferme près du lac Champlain, peu éloignée de l’endroit où on vient de bâtir un fort en bois qui s’appelle Carillon. Le colon qui demeure dans cette ferme n’a que de tout petits enfants… si on le réclame pour l’armée, il n’y aura personne pour les travaux des champs…

— Et vous pensez qu’il me prendrait ?

— Je le crois… et si tu es bien décidé d’accepter, je t’amène avec moi dès maintenant, car, par étapes, je me rends dans cette région !

— Merci, murmura le pauvre Marc, j’accepterai bien sûr !

— Ce sera dur parfois ! dit l’abbé. Défricher le sol, abattre les arbres, labourer la terre, endurer les rigueurs de l’hiver et l’ardeur du soleil d’été… pourras-tu t’y faire ?

— Je connais un peu cette vie-là, dit Marc, chez le sergent Jim, c’était cela !

— Ce sera infiniment plus dur où tu vas… Ces colons sont pauvres… Là où tu étais, l’État payait pour ses prisonniers…

— Je m’y ferai ! dit Marc bravement.