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l’aiglon blanc des illinois

de l’Aigle… esclave ! Jamais ! Plutôt mourir ! Ah ! s’il pouvait envoyer un message au fort Saint-Louis ! S’il pouvait laisser savoir à Nika où il se trouvait, comme il serait vite libéré ! Chef La Salle, chef Tonty, comme ils auraient vite fait de punir les ravisseurs et de le ramener au fort ! Mais, où était-il ? L’enfant n’en savait rien. Plusieurs jours s’étaient passés ; par ce que disaient ses ennemis, il savait qu’il avait voyagé en canot…

Le père Membré lui avait appris une courte prière ; depuis son baptême, il la disait chaque jour, tel qu’il l’avait promis au bon religieux ; cette prière, et le signe de la croix, constituaient son petit bagage de piété. En lui-même, à ce moment, il répéta : « Dieu des chrétiens, mon Dieu à moi, gardez l’Aiglon de tout mal et faites-lui trouver un jour une famille véritable. » L’Aiglon se demandait parfois pourquoi le père lui faisait demander cela, puis, sans questionner, il se dit qu’il serait un jour un homme, il aurait son wigwam, sa famille, et c’était pour cela qu’il implorait la protection du Dieu de sa foi nouvelle.

Le voyage continuait toujours… Enfin, un jour, au début de septembre, les eaux du grand lac Érié leur apparurent.

Jusqu’à présent, ils n’avaient rencontré que quelques Indiens, ici et là, dans le cours de leur trajet. Comme l’on n’était pas en temps de guerre, personne ne les avait molestés. Ici, sur les bords du lac immense, de nombreuses bourgades étaient établies. Les deux ravisseurs firent des échanges avec les indigènes, fumèrent avec eux un calumet d’amitié et reçurent un canot et des avirons.

« Et ce jeune garçon ? demanda un des Ériés à l’Iroquois.

— Fils d’un ami, mentit l’Indien ; il est orphelin, je vais l’adopter. »

Les yeux de l’Aiglon brillèrent de colère. Mais l’Iroquois continua :

« Il ne comprend pas, c’est un Chaouanon, et il a l’esprit un peu dérangé, c’est pourquoi il faut le tenir captif… jusqu’à l’arrivée.