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l’aiglon blanc des illinois

restèrent liés avec des lanières de cuir dont un des bouts était solidement ficelé au poignet brun de l’Iroquois.

« Marche ! » ordonna celui-ci.

L’Aiglon comprenait maintenant plusieurs langues indigènes ; la colonie du fort Saint-Louis, composée de diverses tribus, lui avait rendu familiers plusieurs idiomes qui se rapprochaient beaucoup du langage des Sioux et des Iroquois. Cet enfant, élevé à mépriser la crainte et les craintifs, n’eut pas un moment de panique ; il demeura calme, silencieux, sachant qu’on l’avait enlevé par vengeance, et bien décidé de faire l’impossible pour s’évader ! Contre la force de ces hommes, il fallait user de ruse… Comment déjouer leurs plans ?

« Si je pouvais, se disait-il, couper mes liens, au moyen des arbres je pourrais bien leur échapper… » Mais regardant sa ceinture, il s’aperçut avec stupeur que la gaine seule de son couteau s’y trouvait… Le couteau lui-même, le tomahawk, partis ! « Tombés, probablement, se disait-il, pendant que j’étais renversé sur l’épaule de l’Iroquois, celui-ci ayant couru pour une assez longue distance. »

Néanmoins, il ne perdit pas courage ; il continua de marcher en silence, cherchant à remarquer dans la forêt des points de repère, car il était confiant de recouvrer plus tard sa liberté.

Après plusieurs heures de marche, les Indiens s’arrêtèrent à une cache dans une partie très dense d’un second grand bois.

Ils firent du feu, préparèrent de la nourriture, puis l’un d’eux s’installa pour manger juste à l’entrée de la caverne. L’autre, déliant les bras du captif, lui dit :

« Viens manger, mais si tu cherches à fuir, je t’assomme ! »

L’Aiglon avait faim ; il se leva, étira ses bras endoloris, s’approcha de l’Iroquois et se mit ensuite à dévorer avidement la rude nourriture qu’il partageait avec ses ravisseurs.