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l’aiglon blanc des illinois

et perdit à peu près complètement l’apparence de civilisé qu’il avait acquise durant l’hiver.

Un jour, le père Membré lui dit, montrant une espèce de petite enveloppe en cuir :

« Robert, jeune Aiglon Blanc, j’ai ici quelque chose pour toi ; dans cette enveloppe se trouve un papier sur lequel j’ai écrit, mot à mot, le récit de ta petite enfance. J’ai signé ce papier et je l’ai fait signer par ton parrain, par chef Tonty, et même Nika y a fait sa croix. Garde ceci, ne t’en sépare jamais ! On ne connaît pas l’avenir, cela peut te rendre service.

— L’Aiglon te remercie, père ; mais penses-tu que je pourrais un jour oublier ce que je t’ai moi-même raconté ?

— Non, je ne crois pas ; néanmoins, je te demande de garder cet écrit. Où pourrais-tu le mettre ?

— À ma ceinture ; on pourrait l’y attacher.

— J’ai pensé à cela, dit le père ; cette enveloppe de cuir n’est pas plus large que ta ceinture ; je vais la coudre à l’intérieur, où elle ne te nuira pas.

— Alors, père, l’Aiglon gardera les lignes écrites par toi… Plus tard, il saura lire… il les lira lui-même !

— Je l’espère, bien, mon garçon ! »

Après avoir à maintes reprises parlé de la véritable histoire de l’Aiglon Blanc, ses amis avaient décidé d’attendre encore avant de lui révéler son origine, mais le père Membré, convaincu qu’il était de son devoir de donner à cet enfant le récit véridique de son enfance, eut l’idée d’écrire cette déclaration et de la faire signer par le chasseur, puis par La Salle et par Tonty ; lui-même, en signant, attestait l’authenticité des trois autres signatures.

Le lendemain, à son réveil, l’Aiglon trouva l’enveloppe de cuir solidement cousue dans sa ceinture.

Les Iroquois n’avaient pas fait de descentes dans la colonie illinoise, mais il y en avait quelques-uns dans les environs ; des vivres étaient volés, un papoose avait dis-