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l’aiglon blanc des illinois

Nul secours n’était venu de Québec. Le gouverneur Frontenac, rappelé en France, avait été remplacé par le chevalier de la Barre, et celui-ci, trompé par les ennemis de Cavelier de La Salle, refusa de lui envoyer des renforts et des vivres. Toutefois ce ne fut que plus tard que La Salle connut les intentions peu favorables du nouveau gouverneur.

Le père Membré pouvait maintenant causer facilement avec le jeune protégé du guide, car il faisait de rapides progrès dans la langue française ; de lui-même, il avait raconté à La Salle et au père, l’histoire de son enfance, de ses tatouages ; Nika, présent parfois à ces entretiens souriait un peu, mais ne disait rien.

Lorsque vint la saison hivernale, l’Aiglon dut endosser quelques vêtements : un pantalon de cuir, une tunique frangée lui furent confectionnés par une des squaws ; pour la neige, il chaussa des mocassins et sa jeune tête brune se coiffa d’un bonnet de fourrure, au lieu de sa parure de plumes…

Ainsi vêtu, et malgré la coupe indienne de ses hardes, il ne ressemblait guère à un Illinois !

Avec le consentement du chasseur, le religieux commença à l’instruire, à lui parler de religion, du Dieu des chrétiens, du baptême, du ciel… L’Aiglon écoutait avec intérêt, mais objectait toujours :

« Je suis fils de l’Aigle ; il me faut suivre la religion de mon père !

— L’Aigle du Rocher aurait peut-être été chrétien, disait le prêtre, s’il eût rencontré un missionnaire ! »

Mais le jeune garçon ne voulait pas se laisser convaincre.

Ses protecteurs français se demandaient s’ils ne devaient pas lui révéler le secret véritable de sa naissance, de son rapt… Mais Nika ne le voulut pas.

« Il est fier, ce petit, disait le chasseur ; il sera humilié de se savoir sans famille, sans nom, lui qui se croit fils d’un noble chef !