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l’aiglon blanc des illinois

— Je voulais d’abord t’en parler, chef ; j’ai fait une promesse à l’Aigle et je veux la tenir ; mais si j’amène cet enfant à mon wigwam, au pays voisin, je devrai m’en occuper et je ne pourrai plus te servir de guide, pour finir l’expédition !

— Mais il pourrait se joindre à nous, dit le père ; ce serait notre devoir à nous, Français, de nous occuper de ce petit, surtout connaissant son histoire… qu’en dites-vous, monsieur de La Salle ?

— Je suis entièrement de votre avis, répondit celui-ci. Va le chercher, Nika ; il restera sous ta protection et tu pourras continuer ton rôle de guide jusqu’à la fin de l’expédition.

— Hé, c’est bien la meilleure solution, chef. J’irai le chercher avant la nuit », répondit le chasseur.

Cependant, lorsque, plus tard dans la journée, il eut dit à l’Aiglon qu’il lui faudrait se joindre aux Français, l’adolescent eut un mouvement de recul :

« Les Visages-Pâles, dit-il sourdement, ce sont des étrangers ; je ne les connais pas ; je ne comprends pas leur langage… toi, tu seras occupé pour eux, tout le temps, et je n’aurai personne à qui parler !

— Tu te trompes, mon garçon ; il y a bon nombre d’indiens dans notre expédition !

— Mais tu disais « au camp français » !

— C’est parce que le chef de notre voyage, c’est un Français, et il a des compagnons de sa race ; mais il y a aussi, dans sa troupe, des Abénaquis, des Hurons, des Chaouanons… plusieurs ont leurs femmes, il y a aussi des enfants.

— Hé, alors, c’est presque une bourgade !

— Presque !

— Vont-ils rester dans ce pays ?

— Je ne crois pas ; nous allons, je pense, remonter la grande rivière, puis naviguer sur celle de ta tribu, au pays