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l’aiglon blanc des illinois

leurs villages et promit d’aller les visiter. Leur langage était différent de ceux des autres races que La Salle connaissait assez bien.

Le guide chaouanon que La Salle avait avec lui depuis le départ du fort Miami, était un chasseur du nom de Nika. Cet homme, d’une rare intelligence, avait été en maintes circonstances, un auxiliaire précieux pour les membres de l’expédition ; il connaissait presque tous les dialectes des diverses nations indigènes et il était un voyageur extraordinaire. Chose étrange pour un Indien, il avait toujours voyagé par terre, surtout dans les pays au sud du sien, car les Chaouanons, fort superstitieux, refusaient de descendre le Mississipi dans leurs canots, parce que cette partie de la rivière était hantée, disaient-ils, par des monstres et des génies malfaisants. Mais dans cette région, nouvelle pour les Français, Nika était déjà venu par voie de son pays et de celui des Chickasas ; il fut surpris d’y arriver par eau, et sans avoir rencontré de monstres effroyables, comme le disait la légende indienne. Dans ses conversations avec La Salle, il avait parlé de ce pays, sans se douter que le Mississipi y conduisait, mais ses paroles avaient confirmé, dans l’esprit de l’explorateur, la conviction de ce débouché, et les événements venaient de lui donner raison.

La Salle se fit accompagner par lui dans les visites qu’il fit aux différentes bourgades.

Dans un centre illinois, où ils arrivèrent avec plusieurs de leurs compagnons, leur passage suscita une animation inaccoutumée parmi les habitants de ce bourg. Les Indiens se massèrent devant eux, examinant avec curiosité ces hommes barbus, à peau blanche, vêtus étrangement, parlant une langue inconnue et portant des armes bizarres, armes dangereuses dont ils faisaient sortir à volonté la foudre et la mort… Les gamins d’alors, comme ceux d’aujourd’hui, s’esquivaient du logis paternel, grimpant sur les huttes et dans les arbres pour dominer la foule des curieux. Leur