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l’aiglon blanc des illinois

Saisissant son fusil, il s’élança dehors, criant à sa femme de fermer portes et fenêtres.

À travers ses sanglots, Marguerite priait Dieu de lui rendre son enfant ; serrant sur son cœur sa fillette en larmes et le petit Pierre qui venait de s’éveiller, la pauvre mère passa des heures effroyables…

À la tombée du jour, le colon revint, la figure défaite, l’air morne et découragé ; il prit sa femme dans ses bras sans parler, embrassa ensuite Francine et le bébé, et se laissa choir, triste et fatigué, sur un escabeau dans la cuisine.

« Tu n’as rien vu ? fit Marguerite, d’une voix blanche.

— Rien ! Nulle piste à suivre ! J’ai couru pendant des heures ! J’ai interrogé les voisins… personne n’a vu le ravisseur ! Un gamin, cependant, a cru voir rôder, par ici, deux Indiens, hier ; il n’était pas très sûr… J’ai averti tout le monde autour de nous et demain, au petit jour, nous ferons une battue générale ; deux soldats du nouveau fort nous accompagneront, et nous partirons dix hommes à la recherche du voleur de notre enfant ; les autres hommes resteront ici, seront armés et feront la garde ; il ne faudra pas sortir, femme, ni toi, Francine… N’ouvre pas, non plus, avant de savoir si c’est l’un de nous qui frappe… Prenons courage, ma pauvre Margot !

— Je serai brave, dit Marguerite, refoulant ses larmes, je veux t’aider à être courageux ! Mais, hélas ! Toi aussi, tu vas courir un danger et je serai doublement inquiète ! Mon Dieu, mon Dieu ! Mon petit Nicol chéri, rendez-le moi ! »

Lorsque vint le jour, les malheureux époux n’avaient pas fermé les yeux de la nuit. Le père, son fusil sur l’épaule, partit dès l’aube pour rejoindre les autres colons qui aideraient aux recherches ; la mère, les yeux creusés par les pleurs et par l’angoisse de l’attente, dut s’occuper de son bébé et aussi calmer le chagrin de Francine et son tremblement effrayé. Les heures passèrent traînantes, interminables pour la pauvre femme désolée… Le soir vint, elle berça le