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la maison dans la dune

Les dires de Lourges confirmaient trop bien ses propres soupcons. Il y avait mille indices à quoi une femme ne se trompe pas, et qu’elle avait remarqués depuis longtemps. Sylvain ne buvait plus, ne jouait plus. Il devenait d’une économie que Germaine qualifiait d’avarice. Il paraissait changé. Lui si sensuel autrefois, si faible devant la tentation de la chair, il était devenu plus froid. Il négligeait Germaine, il semblait parfois que le contact de cette femme qu’il avait aimée lui causât une sorte de répugnance.

À côté, des indices plus vagues revenaient à la mémoire de Germaine. Sylvain n’était plus jaloux comme jadis. Et il semblait devenu plus gamin, il en arrivait à s’égayer pour des enfantillages. Ou bien il s’attendrissait inexplicablement. Il ne riait plus comme autrefois, d’un ricanement confus, à bouche close. Il riait ouvertement, maintenant, à belles dents, plus franchement, comme sans arriére-pensée. Littéralement, il paraissait rajeuni.

— Alors, demanda Lourges, ça te décide, ça ? C’est pour aujourd’hui ?

Germaine haussa les épaules. C’était bien le moment de penser à ça.

— Tu sais où elle reste ? interrogea-t-elle.