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la maison dans la dune

reconnaissance, pour ce qu’il avait fait pour elle, dans le passé. Cependant, surtout depuis qu’il avait lâché la fraude, volontiers elle s’en serait vue débarrassée, pour pouvoir le tromper sans inquiétude.

Aujourd’hui encore, elle était furieuse. Elle avait demandé une bagatelle, quarante francs pour s’acheter un chapeau qui lui faisait envie. Et Sylvain avait carrément refusé.

— Je te donne trois cents francs par semaine, avait-il dit. Arrange-toi.

Il devenait, selon Germaine, d’une ladrerie dégoûtante. Et comme elle avait été accoutumée à toujours dépenser sans compter, à éblouir de son faste les voisines et les anciennes camarades, elle souffrait de ce changement, elle n’arrivait plus même à joindre les deux bouts. Elle aurait donné beaucoup pour voir Sylvain reprendre la contrebande. Il aurait gagné davantage. Et peut-être, avec un peu de chance, se serait-il fait pincer, et lui eût-il rendu une liberté qu’elle désirait maintenant de toutes ses forces.

— Ça va ? demanda-t-elle en arrivant.

— Très bien. Et toi ?

— Oui. Mais j’ai disputé avec Sylvain. Il ne veut pas m’acheter un malheureux galure de quarante balles.