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la maison dans la dune

la rattraper. Le compagnon de Lourges, moins vigoureux, resta en arrière, d’abord d’un mètre, puis de deux. Il perdait du terrain. Et Lourges lui aussi allait abandonner cette proie qui, après tout, pouvait n’offrir aucun intérêt, quand Sylvain, qui pensait n’être pas poursuivi, tourna la tête pour regarder derrière lui. Lourges, sans en être sûr, crut bien reconnaître l’homme avec qui il s’était battu. Cela le galvanisa. Il voulut en avoir le cœur net. Et il fit un furieux effort, il se courba sur sa machine, pesa sur ses pédales de tout son poids.

C’était un solide gaillard que Lourges. Lentement, la distance qui le séparait de la camionnette diminua. À vingt mètres, il se releva à demi, lâcha d’une main son guidon, et, les doigts dans sa bouche, siffla de nouveau. L’homme qui était en face de lui se pencha plus fort sur son cadre, ne se retourna plus. Et Lourges avait ralenti, il reperdit du terrain. Mais il s’enragea. Il avait la conviction que c’était Sylvain qu’il poursuivait. Si près, tout à l’heure, il l’avait bien reconnu. Et pourquoi l’homme ne s’arrêtait-il pas, ne se retournait-il pas ? Il fallait qu’il fût en faute.

Deux minutes encore, Lourges, les mâchoires serrées, ramassé sur lui-même, les