lui, des voitures luxueuses, de gros camions poussifs. Rien de tout cela ne convenait à Sylvain. Ces autos-là allaient trop vite ou trop lentement. Il attendit encore. Ce qu’il lui fallait, c’étaient de ces camionnettes comme en mènent souvent les brasseurs, des « Ford », des « Chevrolet », voitures légères et rapides qui roulent à peu près à quarante à l’heure. Derrière ces autos-là, Sylvain pouvait filer à bonne allure, et franchir le barrage.
Il vit enfin déboucher de la rue Albert-Ier la voiture qu’il espérait, une camionnette « Latil » à benne, chargée de charbon. Elle le frôla, le dépassa. Sur ses traces, il s’élança, pédalant de toutes ses forces. Et il la rejoignit, il n’eut plus qu’à soutenir le train, aidé et entraîné par l’aspiration que produisait le déplacement d’air. Il fila ainsi à toute vitesse devant le nez de Lourges. Il entendit un coup de sifflet mais il ne se retourna pas, il poussa plus fort, derrière le camion.
— T’as vu, Désiré ? dit le noir qui était avec Lourges.
— Allez, dit Lourges, vite, à vélo.
Les deux hommes sautèrent à bicyclette et se lancèrent à la poursuite du camion.
Mais la voiture marchait bon train. Il fallait rouler à près de cinquante à l’heure pour