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la maison dans la dune

violemment pour renforcer l’énergie de son discours. Le vieil homme, sans s’émouvoir, continuait à marcher, avec l’air de quelqu’un qui a l’habitude de ces choses. Bien que voûté, il était encore aussi haut que Sylvain. Il avait dû posséder une vigueur peu commune, à en juger par sa carrure et la massivité de ses membres. Sa tête très grosse semblait encore alourdie par une épaisse chevelure blanche, et une barbe inculte qui foisonnait sur ses joues. Sylvain, qui ne l’avait qu’entrevu dans le jardin, l’admira. Il avait un nez fort et droit, une grande bouche charnue, vermeille encore malgré l’âge, et des yeux bleu clair, au regard éteint. Il donnait une impression de sagesse, de gravité biblique. Tout près de Sylvain seulement il parut le voir.

— Bonjour, bonjour, dit-il.

Et il passa, il se laissa entraîner par sa femme, qui continuait à gesticuler, et lui dire qu’il était pire qu’un enfant, qu’on ne pouvait plus le laisser seul sans qu’il fit des bêtises, qu’elle passait sa vie à courir derrière lui, qu’elle en perdait la tête…

— Oui, femme. Oui, femme, se contentait de dire le vieillard, avec la sérénité d’un vieux philosophe.