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la maison dans la dune

vous aimez la paix, vous allez être l’ami de Pascaline. Elle dit que les clients sont tous ennuyeux…

— Au moins, elle ne flatte pas les gens.

— Ah, pardon, mais il faut vous dire que vous ne comptez pas encore parmi mes clients.

— Tant mieux.

— C’est vrai, reprit Pascaline, ils ne viennent ici que pour déballer leur attirail, amorcer, appâter, que sais-je. Pour leurs maudits poissons, ils oublient tout le monde.

— J’ai bien de la chance de n’être pas pêcheur.

— Oui. Il y a beau temps que je vous aurais laissé avec vos lignes et vos hameçons. Mais vous, au moins, vous savez de quoi parler, on ne s’ennuie pas, avec vous. Eux ont peur de remuer les lèvres. Il paraît que ça fait peur au poisson.

— Pour vous, ça doit être terrible ?

— Oui, dit naïvement Pascaline.

Mais du bout du jardin, une voix appela :

— Henriette, Henriette…

— Ça y est, dit la tante. Voilà qu’il s’est encore une fois perdu.

Elle s’élança, avec une vivacité qu’on ne lui eût plus soupconnée, vers le jardin.