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une fois chez lui à deux ou trois cents kilomètres de distance, avant que le délai expire, un télégramme apprend au vendeur que son cheval est déclaré poussif, immobile, corneur ou lunatique, et si l’on n’a eu la précaution de lui faire signer un billet de décharge ou de non garantie, l’on consent à une réduction de prix pour ne pas s’aventurer dans un procès où l’on court le risque de manger deux fois la valeur de l’animal. Ces cas arrivent fréquemment, et il nous a été donné de les voir pratiquer dernièrement par un de ces marchands, achetant pour les Niçois, qui vont à Nîmes, Montpellier, Toulouse, etc., raccoler tout ce qui ne se vendrait que difficilement dans la localité, ces bêtes étant par trop compromises pour leur mauvaise réputation, vices ou infirmités.

N’achetez jamais un cheval neuf, vous dira-t-il, il est plus économique d’acheter des chevaux tout faits, dressés et assouplis. S’il vous donne ces conseils, c’est que si vous achetez des chevaux neufs son ministère devient inutile.

De tous les marchands c’est celui qui s’entend le mieux à rafraîchir les dents, à les buriner pour les rajeunir, parce que l’âge de sa marchandise y prête.

La fraude est aisée à constater pour le vétérinaire, mais tous les acheteurs ne savent pas distinguer une marque artificielle, s’ils ne connaissent pas la structure de la dent.

Les Anglais sont, paraît-il, très-habiles dans l’art de rajeunir les chevaux, c’est ce qu’ils appellent Bishopping, du nom de son inventeur Bishop.

L’on prétend qu’il s’en trouve d’assez habiles pour scier les incisives lorsqu’elles ont une longueur démesurée ; nous ne croyons