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Il est de remarque que l’on enlève la couverture du cheval trop court, trop ramassé, tandis qu’on la laisse pliée en quatre s’il est trop long de reins, afin de les raccourcir à l’œil.

L’animal a-t-il de la difficulté pour tourner d’un côté plutôt que de l’autre, est-il atteint d’immobilité, le patron, sous prétexte d’arranger un licol, un bridon, va glisser un mot d’ordre au garçon qui, au lieu de faire reculer l’animal pour le sortir de sa stalle, le fait tourner sur place en le faisant enlever, et le fait sortir brusquement avant que l’acheteur ait eu le temps de s’apercevoir du subterfuge.

D’habitude, avant de lui laisser franchir l’écurie, une fois hors litière, l’acheteur veut se convaincre de la taille qu’il demande, et s’il veut le mesurer à l’hippomètre, on le met sur une hauteur ou en contre-bas pour que la toise repose dans un trou ou sur une éminence, et si l’on parvient à faire placer l’animal sur un terrain plat, un compère se place à l’opposé du toiseur, et, en pressant le passage des sangles à hauteur du coude, fait élever le garrot de quelques centimètres.

En examinant les pieds, s’il a le défaut de se défendre pour se laisser ferrer, ou de ruer, un garçon a le soin de lui serrer fortement le nez en guise de tord-nez, ou de lui tordre la langue.

Que le marchand soit chez lui, ou en séjour dans une ville, de passage ou en temps de foire, il a disposé dans la cour, s’il y en a, ou en dehors, près l’écurie, un monticule adossé contre un mur ordinairement blanc, pour que les proportions de l’animal au poteau ressortent plus grandes, plus hautes ; là, il est placé et campé du côté où les irrégularités, les tares sont le moins visibles ; et si