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20. Vénalité ou trahison.


Un fanatisme intempéré pose vite ses conclusions. Tout ce qui lui échappe ou lui déplaît s’explique avec limpidité par les présents du roi de Perse. L’étude des faits donne souvent raison à cette formule simpliste, qui a le malheur de s’appliquer à tort et à travers. Lors même qu’elle est juste, cette explication n’est pas toujours suffisante.

Deux exemples, choisis dans une même période historique, peuvent éclaircir cette distinction. Il est certain que les campagnes de presse faites en France pour l’unité italienne furent stimulées par de larges distributions d’or anglais ; mais, si caractéristique que soit le fait au point de vue de la politique européenne, il mérite à peine un regard de l’historien philosophe, qui se demandera simplement quel intérêt avait l’Angleterre à ceci. Tout ce que nous savons de la direction de l’esprit public en France, de 1852 à 1859, et des dispositions personnelles de Napoléon iii, montre bien que, même sans or anglais, l’opinion nationale se serait agitée en faveur de « la pauvre Italie ». Les germes de l’erreur étaient en suspension dans l’atmosphère du temps ; le problème, une fois posé, ne pouvait être résolu que d’une façon par la France du milieu du siècle. On peut aller jusqu’à penser que la