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mademoiselle monk

Roi électif dans la famille des rois légitimes et vous introduisez la turbulence dans ce qui est destiné à établir le repos.

Boisgelin s’empresse de démontrer que le candidat de sa maîtresse serait dans une position bien fausse. Mais son amie insiste. Elle a le préjugé de la France moderne. Son cœur est révolutionnaire. Le mot de royauté légitime l’effraie. Elle voit venir les ultras. Voilà pourquoi le nom de « monsieur le duc d’Orléans »,avec qui elle a d’ailleurs été élevée, revient dans la conversation.

— Mon Dieu ! me dit M. de Boisgelin, que vous raisonnez mal !

Et, très bon royaliste, encore qu’un peu teinté des nuances du libéralisme à l’anglaise, Bruno développe quelle politique imposeraient les nécessités entrevues.


Ce que vous dites aurait quelque apparence si, dans un moment de repentir et d’élan, le peuple français en larmes se prosternait aux pieds du roi Bourbon pour lui rendre la couronne en se mettant à sa merci. Je ne répondrais point alors de la cruauté de sa vengeance, parce que je ne me fais garant ni de sa générosité ni de sa force. Mais je ne parle que d’une combinaison d’idées dans laquelle la légitimité entrerait comme le gage du repos public, qui mettrait le peuple à l’abri des mouvements que cause l’ambition de parvenir à la suprême puissance, et d’une forme de gouvernement dans laquelle le trône ayant une place attitrée, légale et précise, se trouverait partie nécessaire du tout, mais serait loin d’être le tout.

Sur ce trône, au lieu d’un soldat turbulent ou d’un homme de mérite aux pieds duquel — comme vous l’avez