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mademoiselle monk

sine, la marquise de Coigny, à la femme dont Marie-Antoinette disait : — Je suis la reine de Versailles, mais c’est elle qui est la reine de Paris. Cette petite fille ne tarda point à souffrir cruellement des légèretés du beau Lauzun. Elle promena son désespoir jusqu’à Rome, où l’attendait sa première consolation.

Lauzun touchait à la quarantaine : lord Malmesbury n’avait que vingt-quatre ans, et tout l’agrément de son âge. Il plut si bien qu’elle le suivit en Angleterre. Dans le même temps, on la séparait légalement du duc de Fleury, et, sans grande vergogne, plus tard même pour des raisons qui lui font peu d’honneur, elle s’efforçait de maintenir son premier lien avec Lauzun. Mais Lauzun, devenu le général Biron, avait quelques autres soucis, dont le premier était de défendre sa tête.

Malmesbury lassé, ou lasse elle-même de lui, Mlle  de Coigny était rentrée en France. Elle pouvait passer pour avoir bénéficié de la Révolution, puisqu’elle lui devait son divorce, mais n’en fut pas moins arrêtée et emprisonnée comme tout le monde sous Robespierre. Son séjour à la prison de Saint-Lazare dura du 26 ventôse an ii au 13 vendémiaire an iii.

M. Étienne Lamy prend en pitié le Grand Dictionnaire Larousse, qui veut qu’André Chénier ait succédé au duc de Fleury, à Lauzun et à Malmesbury. Je ne reprocherai au savant biographe que la vivacité de sa contestation. Il me semble en effet bien vif de décréter un caractère « misérablement banal » à la rencontre de cette jolie femme et du grand poète. Les