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le romantisme féminin

Ainsi l’exaltation du sentiment pour des curiosités de psychologie et des nouveautés d’esthétique tarit les âmes. La femme n’est point ramenée dans son royaume par ce régime qui la précipite, au contraire, au but commun des ambitions de l’insurgée moderne : copier l’homme, jouer à l’homme, devenir un petit homme elle-même. Celles qui promettaient de se montrer beaucoup plus femmes que leurs amies et que leurs sœurs tournent à l’être insexué, plus vite encore que la doctoresse ou l’avocate, que son activité pourra distraire de l’hypnose du moi.

Nous nous demandions s’il doit y avoir des bacchantes ; l’examen de la question nous oblige, à présent, à nous demander s’il peut y en avoir ou, du moins, si le petit chœur tournoyant n’est pas soumis de nécessité à une destruction rapide. On demandera, avant peu, ce que sont devenues ces grandes maîtresses d’amour et leur beau rêve de donner une expression toujours sincère à des sentiments toujours vifs. À la place où s’enchaîna la ronde mystique, on ne trouvera plus que des femmes de lettres : un petit escadron d’amazones, si vous voulez, et telles qu’on les voit partout, guerrières enragées de domination et folles de gloire, mais, au fort du succès, un peu vexées de rester femmes, honteuses même et, à vrai dire, lasses de leur faiblesse, meurtries d’un jeu d’esprit où le cœur n’a battu que pour renseigner le cerveau et l’approvisionner des documents tires du dernier repli d’elles-mêmes.

Cette variété de féminisme est la plus brillante,