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le romantisme féminin

Bien avant que Montaigne y eût réfléchi, la femme savait que les hommages de l’homme ne sont pas au juste inspirés par le seul éclat du visage ou la perfection de la forme, prétextes nécessaires, indispensable occasion : le vrai artisan de l’amour, c’est un charme, un air, un accent impossible à déterminer, mais qui est toujours très déterminé quant à lui, car il fixe, il enchaîne l’âme, plus encore qu’il ne lui plaît ; il l’obsède et il l’a captive plus encore qu’il ne l’enchante : c’est un élément distinctif bien plutôt que supérieur. « J’étais Moi, et elle était Elle ». Absurde et décevante explication éternelle ! Être belle ne nuira point, mais d’abord il faut être elle : depuis que notre monde est monde, elle aspire à la personnalité plus qu’à la beauté.

La femme exagère donc ce qu’elle est, beaucoup plus qu’elle ne le corrige et ne l’embellit. Elle a découvert, dès les origines, l’esthétique du Caractère à laquelle fut opposée plus tard cette esthétique de l’Harmonie, que les Grecs inventèrent et portèrent à la perfection, parce que l’intelligence mâle dominait parmi eux. Les Grecs firent du sens général et rationnel du beau le principe de toute leur civilisation que Rome et Paris prolongèrent. Les autres peuples, d’Orient ou d’Occident, c’est-à-dire tous les barbares, se sont tenus au principe du Caractère, tel que le sentiment féminin l’avait révélé.

Elle avait souligné son sexe par son costume. Mais elle s’appliqua à souligner encore les différences de sa nature en utilisant tout ce qui l’environne, la maison, les parures, les meubles, les parfums, sans oublier