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le romantisme féminin

représentée par les cours, les compagnies savantes représentées par les universités, ont subi la civilisation des Anglo-Saxons ou se sont rattachées à la médiocre demi-culture des Allemands, qui sont de simples candidats à la qualité des Français. Il suffit de causer une heure avec les compatriotes du Tasse, d’Aristophane ou de Cervantès, pour admirer avec tristesse la réelle déchéance des nations privilégiées.

Nous valons mieux qu’eux, malgré tout, et nos esprits sont moins touchés. Une Renaissance classique peut encore se produire au milieu de nous, et c’est, par exemple, en se courbant sous notre loi, en retrouvant nos traditions, en les interprétant, qu’un Athénien comme M. Jean Moréas est parvenu à retrouver le style brillant de ses pères. La France était le seul lieu d’Europe qui lui convînt. Son germe était en lui, mais le germe ne pouvait percer, ni fleurir qu’au soleil de l’Île-de-France. Tout ce qu’on nous apportera de proprement, et d’essentiellement étranger, fût-ce d’Annunzio ou même du divin Carducci, montrera, relativement à l’ensemble des œuvres françaises, un caractère de romantisme essentiel.

Que les quatre sirènes fissent donc revivre chez nous, avec l’ardeur de leur âge et de leur talent, toutes les habitudes propres au romantisme, il était nécessaire et juste, il était beau, décent, parfait que leur sang ne fût point de veine française très pure. En elles s’incarne et palpite l’argument que l’histoire nous avait suggéré.