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madame lucie delarue-mardrus

tout jeunesse, montrent une vivacité, une souplesse dont on ne se lasse point. Je laisse aux Orientalistes le soin de discuter le procédé du traducteur Mardrus. Un fait reste éclatant : le bon Galland nous avait laissé ignorer une douce forêt, un jardin de délices, ces vers improvisés des Mille et Une Nuits : Mardrus nous les a fait connaître, et cela dit tout. Il est notre évergète, et nous sommes ses obligés. Voilà pour le Dr Mardrus.

Il aura été l’évergète et docteur de Mme Mardrus. Une des pièces caractéristiques du deuxième recueil de la jeune muse, Ferveur, porte un petit hommage de gratitude très précise, qu’il convient d’isoler et de placer sur le socle, bien en lumière, si l’on veut avancer dans la connaissance de notre auteur. L’Occidentale écrit à répoux méditerrané :

Toute ma sourde intimité
         D’ombre, de deuil et de mystère,
         D’horreur et de complexité
A fui, pour quelque étrange et douloureuse sphère.
         Ton incompatible âme claire ;
         Mais toute ma bonne santé
         Se trempe au bain de ta clarté
Comme un corps vigoureux se trempe dans l’eau claire.

À parler franchement, je ne crois pas grand’chose de cette sourde intimité d’ombre et d’horreur. Quand le poète alléguait, dans le premier livre,

Notre cœur gros d’angoisse et de mauvais secrets,