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le romantisme féminin

colie de l’automne ». Jéhovah crée les animaux, « formes robustes ou sveltes » ; « sous le furtif sourire de Satan jaillirent les fleurs ». Jéhovah tira l’homme de l’argile ; de la quintessence de l’homme, la femme fleurit, « œuvre de Satan ». Jéhovah leur envoya l’étreinte ; Satan, la caresse. Jéhovah inspire un poète héroïque, qui est Homère ; Satan lui répond en favorisant l’éclosion de la merveilleuse « Psapphâ ». (Les longueurs de voyelles, les répétitions de consonnes, qui traînent par deux fois sur les lèvres voluptueuses, font ici préférer la forme dorienne de « Psapphâ » au nom coutumier de Sapho.) Pendant que le fils de Jéhovah, Homère, dit la vie et la mort des braves, voici ce que chante Psapphâ :

… Les formes fugitives de l’amour, les pâleurs et les extases, le déroulement magnifique des chevelures, le troublant parfum des roses, l’arc-en-ciel de l’Aphroditâ, l’amertume et la douceur de l’Erôs, les danses sacrées des femmes de la Crète autour de l’autel illuminé d’étoiles, le sommeil solitaire tandis que sombrent dans la nuit la lune et les Pléiades, l’immortel orgueil qui méprise la douleur et sourit dans la mort, et le charme des baisers féminins rythmés par le flux assourdi de la mer expirant sous les murs voluptueux de Mitylène.

Ces lignes ne sont peut-être pas le meilleur exemple du style de Renée Vivien. Contre l’habitude, ce centon formé d’un grand nombre de fragments de Sapho est un peu surchargé, parce que le poète a voulu tout nous dire et fournir l’argument complet de sa poésie ; il aurait pu se contenter de transcrire en épigraphe