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auguste comte

tée de sa vie », la panthère au corps souple bondissait devant lui :

Temp’era dal principio del mattino
E’l sol montava

« C’était l’heure du commencement du matin, et le soleil montait. » La fougue ardente de son sang méridional l’attachait au bel animal bigarré qui symbolise la luxure de la jeunesse. Les lettres adressées plus tard à Clotilde de Vaux nous renseignent sur l’aventureuse existence qui se juxtaposait à tant de labeurs[1]. Cherchant l’amour, trouvant la débauche, le mariage lui parut concilier l’un et l’autre de ces deux biens avec le soin de sa tranquillité. C’est ainsi que sa jeune maîtresse, Caroline Massin, devint Mme  Comte.

Il en a trop gémi, il l’a trop flétrie par la suite, la voix de ses disciples a trop accompagné la sienne pour qu’il soit indiscret de dire aujourd’hui la vérité. Ce mariage, contracté en des circonstances affreuses, l’unit à son mauvais démon. Sans manquer d’esprit, Caroline fut une sotte. Aussi longtemps que l’âge le permit, elle eut, au su de son mari, la tenue d’une fille publique : Bovary parisienne qui, lorsqu’elle n’était pas dominée par d’autres ardeurs, ne pouvait songer qu’à transformer son époux en « machine académique, lui gagnant de l’argent, des titres et des places[2] ». Ignorante d’ailleurs de la valeur intellectuelle de

  1. Quelques pages de Volupté de Sainte-Beuve pourraient donner une idée juste de cette vie.
  2. Testament.