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auguste comte

n’a qu’un axe, faute duquel elle se dissocie et flotte. Sans l’unité divine et ses conséquences de discipline et de dogme, l’unité mentale, l’unité morale, l’unité politique disparaissent en même temps ; elles ne se reforment que si l’on rétablit la première unité. Sans Dieu, plus de vrai ni de faux ; plus de loi, plus de droit. Sans Dieu, une logique rigoureuse égale la pire folie à la plus parfaite raison. Sans Dieu, tuer, voler sont des actes d’une innocence parfaite ; il n’y a point de crime qui ne devienne indifférent, ni de révolution qui ne soit légitime ; car, sans Dieu, le principe de l’examen subsiste seul, principe qui peut tout exclure, mais qui ne peut fonder rien. Le clergé catholique donne le choix entre son dogme, avec la haute organisation qu’il comporte, et ce manque absolu de mesure et de règle qui annule ou qui gaspille l’activité. Dieu ou rien, c’est l’alternative proposée aux esprits tentés de douter.

Quelques-uns qui l’acceptent choisissent nettement le rien. Plutôt que d’admettre un point de départ auquel leur esprit se refuse, ils se résignent à la déchéance des institutions et des mœurs. Tel est le cas des natures les moins heureuses, pour lesquelles l’idée de Dieu apparaissait plutôt un frein et une gêne qu’un principe excitateur et régulateur. Tel est aussi le cas de natures débiles, promptes au désespoir, chez lesquelles toute ferme habitude, une fois perdue, ne peut plus être remplacée. Charles Jundzill, dont je continue à vous décrire le cas, n’était ni des uns ni des autres. Tout en donnant raison aux prêtres catho-