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l’avenir de l’intelligence


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Minerva n’a pas eu le sérieux bonheur de vieillir. Mais cinq trimestres lui suffirent pour plaire, et pour déplaire considérablement. Du premier jour, elle eut en partage l’éclat. Minerva fut splendide. Vous lui aviez donné tous les avantages extérieurs qui contribuent à rendre douce une bonne lecture ; mais, si j’ai bien compris la manière dont fut dirigée Minerva, ce qui manque de solidité vous aurait déplu. Vous vous appliquiez à produire des spécialités fortes, initiant le grand public au dernier état des questions. Dans son langage simple et clair, Minerva voulait rendre tour à tour les services d’une Revue philosophique, d’une Revue d’histoire, même d’une Revue critique. Elle y mettait l’entrain et la verve de sa jeunesse. Belle et vive, enivrée des passions de l’intelligence, on peut dire qu’elle a aimé la justesse, la raison et la vérité. Très beaux mots à graver sur le marbre d’une épitaphe ! Mais celle-ci comporte également de très beaux noms. Vos collaborateurs furent en nombre, et bien choisis. Vous aviez Paul Bourget, et Maurice Barrès. Vous aviez Maurice Croiset, le général Bonnal, Gebhart, Sorel, Frantz Funck-Brentano. Vous aviez Judet, Moréas, Plessis et