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déré, que, non content d’agir par la presse, l’empereur faisait des menaces officieuses et officielles pressantes. Ce que des particuliers osaient imprimer à Berlin, les autorités de l’empire le disaient dans les mêmes termes. Ce langage de barbares ou d’énergumènes aura été, à cette époque, celui de la diplomatie. M. Clemenceau, dans l’Aurore du 21 septembre 1905, nous atteste que c’étaient « bien des voix autorisées » qui avaient porté à Paris le chantage prussien ; le même jour, M. Latapie[1], de La Liberté, continua et précisa les révélations de M. Clemenceau.

Quelles étaient « ces voix autorisées » ? dit M. Latapie. Jugeant qu’il n’y a plus d’inconvénient à les faire connaître, ce républicain a écrit : « C’est l’empereur allemand qui a proféré la menace et l’a fait signifier par son ambassadeur, le prince Radolin, au président du Conseil de France. » Dans une entrevue, toute privée, mais qui restera « un des incidents les plus graves et les plus douloureux de notre histoire », il fut demandé, exigé : que la France accomplit « un acte » et prît « une mesure » qui apparût nettement en opposition avec les faits publics de l’Entente cordiale franco-anglaise dont Guillaume II se montrait de plus en plus irrité. Le sacrifice du ministre des Affaires étrangères était indiqué comme suffisant, mais aussi comme nécessaire : le congé, le départ de l’homme qui

  1. Il faut lire la belle enquête de M. Latapie « sur la frontière de l’Est et en Allemagne », Sommes-nous préts ?