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chasses et voyages au congo

de rondins et revoyons la savane herbeuse où les arbrisseaux à larges feuilles forment de loin en loin des taillis espacés ; comme partout en Afrique, les herbes ici sont régulièrement brûlées et nous voyons des parties de terrain entièrement calcinées à la suite des récents incendies. C’est le moment aussi où les termites mâles qui sont les seuls à avoir des ailes, et qui ne vivent que quelques jours par an, sortent de la termitière, en formant des vols compacts ; les indigènes en sont très friands, et les femmes les attrapent en les enfumant et les mélangent ensuite avec le manioc qu’elles pilent dans des mortiers pour le réduire en farine. C’est également dans cette région que nous faisons connaissance avec une étoffe jaune brunâtre ressemblant à de la toile à sac, dont les indigènes se servent pour leurs pantalons, et qu’ils fabriquent avec l’écorce d’un arbre nommé « Logko » que l’on pourrait comparer à celle du chêne-liège.

Peu après nous retrouvons sur la route un camion-automobile qui nous attend et sur lequel nous entassons pêle-mêle toutes les charges dont nos porteurs sont enchantés de pouvoir se délester et après encore un arrêt auprès du chef Gilima qui est venu nous saluer au passage, nous prenons congé de la caravane et montons dans l’auto du fils du chef, qui s’est offert à nous ramener à Dungu dans sa propre voiture, et a arboré pour la circonstance le plus correct de tous les costumes cyclistes, culotte courte bouffante, et jambières en cuir impeccables ! On ne pourra plus dire après cela que les noirs, quand ils sont assez riches pour le faire, ne sont pas capables d’apprécier les bienfaits du luxe européen !

Nous sommes rentrés sans encombre à Dungu, malgré la vitesse un peu exagérée à laquelle nous mena notre jeune conducteur, tout fier de nous exhiber ses talents de chauffeur, mais j’avoue que pour mon goût, j’eusse préféré une allure moins rapide. Il se mêlait à notre crainte d’une embardée toujours possible, celle de voir s’éteindre la lu-