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chasses et voyages au congo

et comme ceinture autour des reins, une peau de chat sauvage, dont la queue est également agrémentée de plumes rouges. Les femmes sont presque entièrement nues et la plupart ont le derrière recouvert d’une espèce de couvercle en forme d’éventail, fabriqué avec des feuilles de bananier séchées et pressées, et incrustées de paille à dessins variés ; cet instrument porte le nom de « negbe » et se retrouve couramment dans toute cette partie de la province Orientale. Beaucoup de femmes se peignent la figure en noir, et pour les fêtes elles se mettent du blanc et du rouge ; j’en ai vu une qui s’était dessiné des raies noires sur tout le corps. Il y en a qui ont les cheveux tressés comme de vrais paniers et les yeux tirés à la Japonaise par suite de leur coiffure.

Après les présentations d’usage, on nous fait asseoir dans une grande halle couverte d’un toit de chaume qui sert ici de salle de fêtes, et la représentation commence. L’orchestre est à notre droite, et le concert prélude par un solo de chant, puis les instruments peu à peu se font entendre. Le chef ouvre le bal et danse le premier ; les femmes se sont assises devant nous pour admirer les ébats du maître et se mettent sur leur couvercle en forme d’éventail, juste assez large pour protéger leur base. L’une d’elles pousse un trille sensationnel pour marquer son approbation du chef, et parfois toutes ensemble font entendre le fameux yi-yi par lequel elles manifestent leurs différentes émotions. Puis quand le chef ayant terminé ses entrechats, s’est assis au milieu de l’enceinte, les étoiles de la troupe défilent autour de lui et devant nous : vingt-cinq femmes dansent et chantent d’abord doucement, puis le mouvement s’accélérant à chaque nouveau tour, s’achève en une sarabande échevelée à laquelle le chef finit par se mêler, et se mettant a la tête de la farandole, il la promène à travers les rues de son village.

Pendant ce temps l’orchestre bat son plein ; deux grands gongs en bois en forme de cloches, jouent le rôle de basses.