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trottinant, mais sinon nous ne voyons que kobs et topis inlassablement. C’est par milliers que la Réserve en fourmille, mais la variété dans les espèces m’a paru moins grande qu’au Soudan, où dans la vallée du Dinder, à côté des gazelles Somering aussi nombreuses que les antilopes d’ici, toutes sortes d’autres animaux se rencontraient fréquemment. Par contre le terrain du parc Albert est beaucoup plus joli, car rien n’arrête la vue dans l’immense plaine qui s’étend entre la Rutshuru et la Ruindi, on voit partout autour de soi, tandis que le Dinder ensablé, est bordé de joncs et de hautes herbes qui coupent l’horizon, et c’est seulement dans les mares isolées qu’on a chance de trouver le gibier rassemblé. À dix heures nous faisons une petite halte à Utëko en vue de la Ruindi ; cinq ou six huttes seulement entourées d’une petite culture donnent asile à quelques indigènes d’aspect misérable ; quand nos hommes sont un peu reposés et rafraîchis, nous reprenons la route et vers onze heures en approchant de la rivière j’aperçois de nombreux cynos qui gambadent dans les arbres de la berge ; j’essaye de les poursuivre mais impossible de les rejoindre, car tandis que le gros de la troupe prend la fuite, des sentinelles postées de loin en loin sur les termitières observent tous mes mouvements et donnent l’alarme dès que je fais mine d’avancer ; je suis obligé d’y renoncer et tandis que je me dirige vers les tentes qui entre temps ont été dressées, j’aperçois encore couché à l’ombre d’un mimosa quelques antilopes qui s’y sont mises à l’abri des ardeurs du soleil de midi et j’entends les femelles de readbuck qui en me voyant sifflent éperdument.

Ceci sera notre dernier camp dans la Réserve, après l’avoir parcourue en tous sens pendant quinze jours, il est temps que nous rendions la liberté au Game Warden qui nous accompagnait, et aussi que nous libérions nos porteurs, que plusieurs caravanes attendent avec anxiété de l’autre côté de l’escarpement. Vers le soir nous rece-