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chasses et voyages au congo

perdons patience peu à peu ; alors tout à coup le mercredi matin une nouvelle se répand dans l’endroit ; le Grec qui possède une modogodille est revenu ce matin : nous voilà sauvés ! Vite, vite nous courons le trouver et notre accord avec lui est bientôt conclu ; moyennant trois mille francs il nous conduira en moins de huit heures à Uvira. Seulement il faut faire le voyage en deux fois, car à tout prix il faut éviter de se trouver sur le lac en plein jour ; nous avons vu précédemment que les orages sur le Tanganyka deviennent parfois mauvais. On décide donc de partir à quatre heures de l’après-midi pour aller camper à quelques heures de là dans une petite crique, d’où nous repartirons au lever du jour, de manière à être rendus à Uvira avant midi.

Nous apprenons alors que ce même Grec a quitté Baraka samedi dernier dans sa motogodille et qu’il aurait tout aussi bien qu’aujourd’hui pu nous transporter, mais c’est par jalousie que les autres blancs du terroir nous ont soigneusement caché la chose, ne voulant pas que leur rival bénéficiât de la bonne aubaine qui lui échéait. Oh ! petitesse de l’âme humaine, dont la noire envie est toujours le mobile le plus puissant et le plus pernicieux !

Inutile de vous dire que nos préparatifs furent tôt finis et sans nous faire prier nous dîmes adieu à nos amis de Baraka, que nous nous promettons de revoir en Europe.

Depuis deux heures nous entassons dans la motogodille les colis les plus variés, car à nos tentes et à nos nombreuses caisses sont peu à peu venus s’ajouter les défenses d’éléphants, les peaux et les trophées de tout genre dont l’odeur nous poursuit partout et les menus objets de collection, tables et tabourets indigènes, armes et étoffes que petit à petit nous glanons sur notre chemin. Enfin vers cinq heures nous levons l’ancre et au bruit ronflant de la motogodille, nous nous éloignons rapidement du rivage pour marcher aussi longtemps que le dernier rayon de jour le permettra, car la nuit est sans lune, et c’est en