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chasses et voyages au congo

plantes épineuses, éruptions provoquées par la chaleur, clous, abcès, bourboule, suite du séjour dans les marais, je suis criblé d’égratignures que je soigne au permanganate ; le plus ennuyeux de tous ces petits bobos fut l’expérience que je fis avec le ver de Cayor. Un aimable insecte dépose son œuf dans votre peau, un clou se forme peu à peu, puis grossit et l’on s’aperçoit qu’il s’y passe quelque chose d’insolite ; on devine plus qu’on ne sent la présence d’un corps étranger vivant qui essaye de trouver une issue, et travaille dans votre épiderme ; de temps en temps on voit apparaître une petite tête blanche qui disparaît presque aussitôt. C’est le ver qui vient mettre dehors le bout de son nez ; à la fin, à force de presser, on arrive à le forcer à sortir tout à fait, et c’est ainsi qu’après cinq ou six jours de patience j’ai extrait de ma cuisse deux énormes asticots longs chacun d’un centimètre au moins, bien gras et bien vivants. C’est dégoûtant et le sentiment de répulsion qu’on éprouve à se sentir habité de la sorte, est plus grand que le mal qu’on ressent, qui est surtout fait de démangeaisons. Si je raconte ici mes petits déboires, c’est pour avertir charitablement ceux d’entre mes lecteurs que le hasard de la vie conduirait un jour aux tropiques, afin qu’ils défendent sévèrement à leurs boys d’étendre leur linge à sécher sur l’herbe, car c’est, paraît-il de cette façon que se propage le ver de Cayor, la larve qui y donne naissance, se cachant dans les replis des étoffes, et le danger n’existant plus si le linge flotte sur une ficelle au gré du vent.


9 janvier.

Mais le temps passe, et comme sœur Anne nous ne voyons rien venir : le soleil poudroie et l’herbe verdoie et de bateau nulle trace à l’horizon ! Quatre jours déjà que nous attendons et nous avons depuis longtemps mis ordre à notre correspondance, et épuisé toutes les ressources de Baraka. Nous commençons à la trouver mauvaise et nous