Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
chasses et voyages au congo

Mercredi 26.

La pluie ne m’empêche pas de me remettre en route à 8 heures du matin et malgré le passage de la rivière devenu assez difficile après les derniers orages ; mais les porteurs de tippoye instruits par leur expérience de l’autre jour ne rouspètent plus et me portent bravement sur l’autre rive ; à peine arrivé sur la hauteur j’aperçois un buffle, vite je descends du tippoye et de deux coups de ma 416 je l’abats raide mort, mais à ce moment un second buffle que je n’avais pas vu, et sans doute attiré par le bruit, se découvre et semble vouloir m’attaquer ; une balle l’arrête et le fait flageoler, puis il part en courant, je lui envoie encore deux balles de la 416 et à chaque coup il ralentit un peu sa marche, nous le voyons finalement s’arrêter dans de gros ajoncs proches d’un fourré ; je fais grimper un de mes hommes sur une termitière et pendant que je m’approche, il lance des pierres pour s’assurer si la bête est morte ou vivante. Quand j’arrivais à la place où elle était couchée, elle ne respirait plus heureusement, car cette approche dans les hautes herbes est plutôt un jeu dangereux ; on ne voit absolument pas où se cache l’ennemi et s’il vit encore et vous charge, vous avez dix chances pour une d’écoper. Aussi tandis que mes hommes du tippoye montraient beaucoup de courage, les Babuyas qui m’accompagnaient : manifestaient-ils une peur intense, et c’est d’autant plus curieux qu’ils n’hésitent pas à s’attaquer à l’éléphant dont chaque village de la région tue au moins un exemplaire par an, et il est pourtant moins dangereux de pratiquer la chasse au fusil qu’armé de lances ou de flèches, à la mode indigène. Je ramenai au camp les dépouilles de mes deux, victimes et l’après-midi, tandis que nos hommes et le village se partageaient la viande, nous allions, ma femme, Bird et moi photographier, puis tuer un gros hippo dont on nous avait signalé la présence sur la rivière dans les environs. Ce fut notre dernier exploit dans ce beau pays de