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chasses et voyages au congo

millement de touffes aux fleurs jaune citron et des graminées mûres donnent l’impression de nos prairies avant la fenaison, et nous sommes arrivés à Kayumba où le capitaine B. espère avoir d’intéressants renseignements sur les éléphants.

Le capita du village qui, entre parenthèses, est un vieux brigand, nous signale la présence dans les environs d’un énorme solitaire, dont nous avons en effet vu la trace au passage en arrivant, et après un déjeuner pris en hâte, je retourne en arrière et marche longtemps en suivant les empreintes laissées par la bête, qui est sans doute déjà loin à cette heure. La nuit survenant, je retourne au camp, non sans avoir admiré au loin derrière moi les montagnes du Kivu dorées par le Couchant, et je trouve en arrivant le capitaine Bird en grande dispute avec le capita ; celui-ci, sans doute pour se débarrasser de nous, prétend ne pas pouvoir nourrir notre caravane, et joignant l’action à la parole, il nous envoie un « pocho » tout à fait insuffisant et ridicule. Prières, menaces, rien n’y fait, il reste inexorable et force nous est de décamper, tout en dépêchant une lettre de plainte au chef du district à Kabambaré. Sans doute le vieux filou a-t-il eu peur que nous tuions le gros éléphant dont la présence nous a été révélée dans les environs et a-t-il craint par là d’être frustré de la proie qu’il guettait. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire et en dépit de toute logique, l’indigène au Congo est autorisé à tuer autant d’éléphants que bon lui semble, et tandis que l’Européen doit sous peine d’amende, s’en tenir rigourensement aux deux exemplaires que son permis lui confère, il doit assister impuissant au massacre imbécile qu’annuellement la population noire inflige à la race éléphantine, car femelles et jeunes sont tués sans discernement par ceux qui ne recherchent que la viande ou l’ivoire et pour lesquels la quantité plus que la qualité fait force de loi.

Quand je me suis informé du pourquoi de cette mesure, qui à première vue semble être le comble de l’absurdité, on