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Mais convenons qu’il manque aussi à notre vie présente. Reviendra-t-il ? Sortira-t-il d’une conception nouvelle et expérimentale de la justice ou de l’indifférence de la nature, d’une de ces énormes lois générales de la matière ou de l’esprit que nous commençons à peine d’entrevoir ? En tout cas, gardons lui sa place. Acceptons, s’il le faut, que rien ne la vienne occuper pendant le temps qu’il mettra à se dégager des ténèbres, mais n’y installons plus de fantômes. Son attente, et son siège vide dans la vie, ont par eux-mêmes une signification plus grande que tout ce que nous pourrions asseoir sur le trône que notre patience lui réserve.

Pour mon humble part, après les petits drames que j’ai énumérés plus haut, il m’a semblé loyal et sage d’écarter la mort de ce trône auquel il n’est pas certain qu’elle ait droit. Déjà, dans le dernier, que je n’ai pas nommé parmi les autres, dans Aglavaine et Selysette, j’aurais voulu qu’elle cédât à l’amour, à la sagesse ou au bonheur une part de sa puissance. Elle ne m’a pas obéi, et j’attends,