Page:Maurice Maeterlinck - Théâtre 1, 1903.pdf/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doivent remplacer ne sont pas encore déterminées, n’ont pas encore de nom, il hésite, tâtonne, et s’il veut rester absolument sincère, il n’ose plus se risquer hors de la réalité immédiate. Il se borne à étudier les sentiments humains dans leurs effets matériels et psychologiques. Dans cette sphère il peut créer de fortes œuvres d’observation, de passion et de sagesse, mais il est certain qu’il n’atteindra jamais à la beauté plus vaste et plus profonde des grands poèmes où quelque chose d’infini se mêlait aux actions des hommes ; et il se demande s’il doit décidément renoncer aux beautés de cet ordre.


VIII.


Je ne le crois pas. Il trouvera à réaliser ces beautés, des difficultés qu’aucun poète n’avait jusqu’ici rencontrées, mais il y parviendra demain. Et aujourd’hui même, qui semble le moment le plus dangereux de l’alternative, un ou deux poètes ont réussi à sortir du